De Novi Sad à Belgrade

L’orage a éclaté à minuit et il a plu jusqu’à 4h. J’ai eu quelques fuites mineures dans la tente. Au réveil le ciel est voilé.

La traversée de Novi Sad est facile à cette heure. La ville est grande mais ne semble pas avoir de centre. Les immeubles sont laids. Je traverse le Danube pour passer rive droite au pied de la citadelle Vauban.

Citadelle Vauban rive droite

La route vers Belgrade commence par une côte de 4km à 6% avec la circulation.

Belle campagne après Novi Sad

La campagne est verdoyante et cultivée et très vallonnée. Par contre on n’y accède que par des chemins empierrés.

Je suis à Cartanovici à 8:45; la route devient défoncée. Puis c’est Novi Sankamen et ses arbres fruitiers à perte de vue. Le Danube est à 1km mais invisible.

Encore un coup de rein jusqu’à Novi Banovci où je déjeune d’une pizza. Enfin le camping à 20km de Belgrade.

Je prends le bus pour passer la soirée à Belgrade et passer chez le vélociste. J’avais une mauvaise image de la ville ; à tort. Là oú la voiture à accès c’est assez invivable mais la ville est construite sur une colline, avec beaucoup d’escaliers donc inaccessible aux voitures.

Quartier tranquille à Belgrade

Beaucoup d’animation dans les rues ; j’avais l’impression que tout Belgrade mangeait en ville ce soir. 

Une journée pour avancer

J’aurais aussi pu prendre comme titre : une journée à oublier, ou une journée d’enfer. 

La journée commence à 4h avec les moustiques.  Je n’ai qu’une envie : partir. 

Je traverse Osijek endormi et entreprend de traverser des champs de blés sans fin.  Mon but étant de passer en Serbie à Bačka Palanka.

A 7h il fait 30° et ça ne va faire qu’empirer.  Pas un arbre mais une route droite, sans charme.  Le Danube on oublie ; il n’est pas loin mais sur les 120km fait en Croatie jamais je n’aurais l’occasion de l’approcher.

Pour couronner le chemin de croix, une succession de descente à 8% suivie d’une montée aussi raide sur 2km. Au delà de 6% j’ai décidé de mettre pied à terre. 

Je passe par Vukovar, ville martyre, sans l’envie d’y faire un tour.

Vignes à Vukovar

Et je passe donc rive gauche pour atteindre Bačka Palanka à 14h; après avoir eu droit aux deux contrôles douaniers réglementaires. Dire que certains chez nous veulent rétablir les frontières. 

Le Danube à la frontière

Dans ces pays il n’est jamais trop tard pour arriver au restaurant ; il sert non stop à partir de 12h. Je me restaure d’un excellent repas pour la somme astronomique de 8€. Et j’y prends ma première leçon de serbe.

Il me reste 30 km pour arriver à Novi Sad, capitale de la Voivodine. Où je fais du camping sauvage. 

Vers la Croatie

Bravo à Baja, sympathique petite ville avec un réseau cyclable à nous rendre jaloux, des petites gargottes sur le bord du canal, une belle place publique. 

Ce matin je rate la piste et prend la route pour Mohacs ; aucune importance, il passe une voiture toutes les 5 minutes.  Mohacs, qu’on atteint par le bac, est célèbre pour la défaite contre les troupes de Soliman le Magnifique en 1526 avec 10 000 morts à la clé et la victoire contre les mêmes turcs en 1687.

Mohacs vue de la rive gauche

Du point de vue de l’EV6 on trouve en Hongrie le pire et le meilleur, mais le réseau s’améliore régulièrement.  Peu de paysages spectaculaires mais une immense plaine, plate comme la main, couverte de cultures. 

J’ai vu deux villes remarquables, Gyor et Budapest, et quantité de petits villages, plutôt pauvres, assez laids, sans centre réellement marqué.

J’ai aussi vu quantité de drapeaux européens et autres signes distinctifs. 

En Croatie

L’entrée en Croatie est assez rapide pour les cyclistes.  Par contre je vois une longue file de camions qui attendent sans espoir, le moteur allumé pour la climatisation.

Douvres après le Brexit ? Non, la frontière entre deux pays de l’EU28. Peut-être une histoire de Schengen.

La route repart vers le Danube mais il faut ďabord franchir une ligne de coteaux plantés de vignes, une première depuis Budapest. 

J’allais me résoudre à picniquer quand le téléphone est passé de Edge à 4G, m’indiquant un restaurant à 400m; une perle, sous les voûtes, loin du soleil. 

La journée se poursuit sous un soleil d’enfer et je trouve in extremis un camping médiocre avant Osijek.

Il est infesté de moustiques.  Il est impossible de rester 1 minute immobile sans avoir des dizaines de moustiques sur les jambes, le nez, les oreilles.  La seule solution est de rentrer dans sa tente sans en laisser entrer aucun. 

Le Dravo traverse Osijek

Les nouvelles de ma disparition sont prématurées

Quelques bons lecteurs, trop peu hélas, se sont inquiétés de l’absence de ce bulletin pendant plusieurs jours. La raison est simple ; j’ai eu plusieurs journées longues, sous un soleil de plomb qui m’ont pris toute mon énergie. De plus l’Internet est cher en Serbie ; j’ai découvert, 5 minutes après mon entrée dans le pays, que j’avais déjà dépensé 40€; j’ai vite arrêté les frais. Donc tout va bien ; qu’on se le dise.

Journée de transition jusqu’à Baja

Debout de bonne heure, je ne mets pas plus de 10mn pour tout empaqueter et partir. Une armée de moustiques s’est donnée RDV devant ma tente ; j’en ai au moins 20 qui me sucent le sang, même à travers le tricot. 

Une petite route, sans trafic à cette heure, m’emmène de Dunapataj à Ordas. Puis le chemin va suivre le Danube, dessus la digue. D’abord un chemin enherbé où il y a de la place pour mettre une roue ; puis un chemin l’autrichienne, spéciale EuroVélo6. 

Sur les 30km je verrais 1 cycliste, un scooter et 10 voitures. Un rideau épais de peupliers me cache le Danube. Je constate, dans un rare accès au fleuve, que l’endroit est infesté de moustiques. Sur ma gauche ce sont des champs de blés mûrs à perte de vue. La rive droite est pour lors occupé par le Parc National Duna-Drava.

La piste, d’excellente qualité, arrive à Baja et me conduire à 50m de mon camping. Il est 12h. J’ai fait 70km. Repos.

Route plein Sud

Je quitte mon petit clos à 5h. Le soleil est déjà là; j’aurais pu partir 30mn plus tôt. Pas un bruit dans les 6 tentes et 5 campeurs dormants à même le sol. 

Je dois affronter une circulation déjà importante à cette heure ; la Hongrie qui travaille. Après 45mn je retrouve la campagne, ses fleurs sauvages, ses herbes folles et même une piste dédiée. Le bonheur est dans le pré. 

Un pêcheur au petit matin

Je commence aujourd’hui avec la première des 8 cartes EuroVélo6 qui devraient me conduire jusqu’à Constanta. L’orientation devrait être plus simple. Peu après Budapest le Danube s’est divisé en deux et forme une grande île sur laquelle je vais rouler une bonne partie de la journée.

Couple de cygnes et couvée

D’abord dans la campagne, le long d’une route peu fréquentée, bordée de cerisiers, noyers, acacias. Jusqu’à Rackeve où je m’arrête pour la dégustation d’usage. Puis directement au bord du bras du Danube, sur une piste oú il est difficile de faire plus de 10 km/h mais sans voiture et ombragé.

Pause à 13h au Tassi Halászcssárda.

Une trop longue après midi de vélo 

Parfois l’épuisement, la chaleur, les soucis sont tels que l’inspiration fuit le modeste écrivaillon. Le plus sage est alors de faire appel aux Grands Hommes.  Tiens, essayons Victor (non, pas Viktor, pas celui là, le notre ) ; il serait étonnant qu’il n’ait pas quelque chose dans sa besace adapté aux circonstances.  Ceci par exemple : « 

C’était un Espagnol de l’armée en déroute
Qui se traînait sanglant sur le bord de la route,
Râlant, brisé, livide, et mort plus qu’à moitié.
Et qui disait:  » A boire! à boire par pitié !  »

J’avais le choix entre un camping trop près ou un camping trop loin ; j’ai choisi le second auquel je suis arrivé à 20h pour le trouver fermé.  Il ne me restait plus qu’à faire du camping sauvage parmi les moustiques. 

Encore une plante cultivée à identifier

Entre temps, voulant me rafraichir dans la campagne, j’ai trouvé malin d’entrer dans un  champ et me mettre sous l’arrosage tournant. Résultat : ma cale automatique s’est bloquée sur la pédale ; j’ai du finir avec la chaussure ouverte. Parfois le chemin de Constanta n’est pas couvert de pétales de roses. 

Une journée sans selle à Budapest

Après une grasse matinée (lever à 7h) je retrouve mes colocataires au petit déjeuner. 

Dans cette photo on trouve les nationalités française (2), allemande (1), coréenne (1), portugaise (1). Exercice : associer chaque personne à sa nationalité 

Mon nouveau copain Victor, portugais, me propose de m’accompagner jusqu’au centre. Il parle anglais comme une vache espagnole aussi me propose-t-il de passer à un mélange portugais-espagnol. 

Attention lecteur, ça va dégommer. Si tu ne veux pas entendre ma vérité, saute cette page.

Basilique Saint-Étienne de Pest (en hongrois : Szent István-bazilika

Je commence la visite par Pest sur la rive droite. Mon impression de la veille se confirme : tant de voitures, de bruit, de pollution. Tout semble surdimensionné; quelques beaux bâtiments mais qui cohabitent avec des immeubles laids datant, probablement, de l’époque soviétique. 

Mémorial dédié aux victimes juives de la Shoah à Budapest

Il fait une chaleur écrasante. « C’est l’été, le soleil darde  / Ses rayons intarissables / Sur l’étranger qui s’attarde… » (C Cros). Je fait 2km dans le bruit pour rejoindre le parc Varosliget, espérant le silence et la verdure pour déjeuner. Mauvaise pioche ; le silence est relatif et je fais un repas médiocre à un prix français. 

La ville est démesurée, brutale, macrocéphalique; avec laquelle il est impossible d’établir une relation de sympathie. Vite que je reprenne le chemin des grands espaces, de la grande plaine de Pannonie.

La place des héros

Je passe l’après midi à Buda, rive droite. Cette partie est beaucoup plus à mon goût ; petites rues, petits escaliers, peu de voitures.  Je vais ďabord me détendre aux thermes Király datant de 1565; c’est dire que beaucoup de baigneurs m’ont précédé ici. Je passe ensuite au Ruszurum, histoire de vérifier que cette réputation qu’a  Budapest pour la pâtisserie n’est pas usurpée. 

Vue sur le Parlement de Buda (96m de haut, 691 pièces )

Je retrouve mon petit clos à 19h; détendu car je sais que « Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, Je partirai. »

Précision des mesures Google Maps 

Je retrouve les deux landernéens déjà rencontrés à Orléans. Leur compteur marque 2900km depuis leur départ de St Nazaire. Rajoutons 250 pour un départ de Quimper ; ce qui fait 3150km. Mon estimation à la louche était de  2650km. Soit une sous-estimation de 15%. Il m’en reste 1500 à faire. 

De Tata à Budapest

Cette nuit j’ai eu des crampes ; malgré les 6 litres bus dans la journée.  Les températures ont du atteindre 38° à l’ombre. 

Lac de Tata. 5 heure du matin

Je rencontre des groupes denses d’ouvriers allant au turbin, d’enfants attendant le bus.  Il n’est pas 6h.

L’inconvénient quand le chemin s’éloigne du Danube est que le terrain peut être vallonné.  Je peine et ahane pour arriver à Dunaszentmiklos d’où j’ai une belle vue sur la plaine du Danube.

Vignes surplombant le Danube

Puis je poursuis jusqu’à Esztergom pendant 20km; tantôt sur la route, tantôt sur une piste, mais toujours côtoyant les engins fonçants et mugissants. À 10h j’atteins Esztergom, ancienne capitale de la Hongrie. 

Place d’Esztergom

Elle a beaucoup perdu au traité de Trianon en 1920 puisque toute sa rive gauche devient tchécoslovaque. Elle a de beaux restes, nécessitant une restauration importante, mais trop de place est laissée à la voiture. 

Je poursuis sous un soleil de plomb jusqu’à Visegrad, grande comme St Evarzec, mais d’importance historique. En 1335 ďabord pour un accord entre Hongrie, Bohème et Pologne ; en 1991 ensuite, la Bohème est devenue Tchécoslovaquie.

Citadelle de Visegrad

À partir de Visegrad le Danube interrompt sa progression vers l’Est, les Carpathes (courbe du Danube ) l’obligeant à faire plein Sud jusqu’à Belgrade.  Il est 12h, l’heure de faire halte au Kovacs-Kat Etterem qui bénéficie d’excellentes critiques. Celles-ci ne sont pas usurpée.

Mais il est temps de repartir pour 40 derniers kilomètres vers Budapest ; qui seront aussi pénibles que ce matin. 

Quand, enfin, j’arrive à Budapest c’est pour apprendre que mon camping est 9km plus au Sud. Je dois traverser une monstruosité d’architecture urbaine ; les rues 2×3 voies remplies de voitures pressées de rentrer ; les quelques cyclistes un masque sur la bouche ; un cauchemar de traversée. Tout le monde m’avait dit que Budapest est belle. On m’aurait menti ?

Heureusement j’arrive dans un petit jardin privé qui fait office de camping ; un véritable havre de paix. La journée se termine bien. 

Passage en Hongrie

Zbohorn Slovensko

Pas de photo du Danube au soleil levant aujourd’hui ; car ce matin je suis sur la 507 jusqu’à Gabčikovo (Bős) puis sur la 506 jusqu’au Danube pour rejoindre Gyor en Hongrie. 

Champs de blé en Slovaquie au petit matin

Bien sûr une photo de campagne n’est pas aussi glamour que le beau Danube bl… J’en profite pour corriger une légende qui a pris valeur de vérité ; non le Danube n’est pas bleu; il était vert jusqu’à Ulm, puis marron jusqu’à Passau; il est maintenant couleur ciment frais. 

Le Danube à la frontière

J’arrive à 7h à la frontière qui, comme pour les autres pays , n’est pas matérialisée; seule une notification de mon opérateur m’indique que j’ai changé de pays et que ça ne me coûtera pas plus cher. 

Merci à la Slovaquie, pays modeste, industrieux mais si chaleureux et qui, j’espère, entend le rester.

Tout au plus aurais-je souhaité quelques panneaux EV6 supplémentaires qui, pour les impécunieux et les rétifs au progrès technique à tout prix, sont bien utiles.

Hello Magyarország

« Bonjour Viktor, j’arrive chez toi en homme de paix » m’écriais-je en franchissant le long pont sur le Danube, « le coeur et l’esprit ouverts ». 

Et ça commence par un des plus gros rabattage de caquet de tout le voyage.  Pour éviter un gros rond-point, une piste cyclable le contourne et même passe dans un tunnel.

Puis je découvre un réseau cyclable magnifique, digne d’un campus californien, qui m’amène dans Gyor. Un homme qui fait tant de place à la petite reine et qui prend tant de soins de ses cyclistes ne peut pas être fondamentalement mauvais. J’entre dans Gyor, un petit bijou de ville que je visite un peu.  C’est lundi de Pentecôte et les hongrois sont de stricte observance donc tout est fermé. Il n’y a pas de touristes non plus, trop tôt peut être. J’aurais pu en tomber amoureux. 

Une place de Gyor

À 10h il fait 34°. La sortie vers Tata est facile grâce à l’excellent marquage au sol. Je vote un ban pour la ville de Gyor. Ph. Nous sommes ri-di-cu-li-sés par une ville qu’avant aujourd’hui personne n’aurait pu situer sur la carte. 

Comme en Autriche mais sans face de carême. 

Pas de restaurant aujourd’hui ; absolument tout est fermé.

Le petit Poucet magyar a semé ses cailloux blancs pour que j’arrive sans encombre à Tata oú sont les Tatais.

La route est à 10km au Sud du Danube. On traverse une campagne couvertede cultures de blé, maïs et tournesol. 

Une plantation d’arbres que je n’arrive pas à identifier

Tata est bâti sur le bord d’un lac de 3x1km, entouré par une promenade noire de monde, des autochtones. 

Un gars près du camping me dit qu’il est plein. Dubitatif, je vais voir, il est vide ; je m’y installe d’autorité. 

Au delà du rideau de fer


« Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village / Fumer la cheminée, et en quelle saison / Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, / Qui m’est une province, et beaucoup davantage ? » me disais-je, avec le poète, en ouvrant l’oeil au petit jour dans un grand champ de foin du côté de Orst an der Danau. Mais cette bouffée de nostalgie disparu aussitôt ouvert la tente.

Le Danube, à deux pas, coulait comme chaque jour ; le soleil n’allait pas tarder à se lever; seule une nuée de moustiques pouvait gâcher ce réveil. 

5 heure du matin. La mangrove, rive gauche.

Je reprends le chemin sur une digue qui surplombe des marécages et des bois. Puis je prends un raccourci pour traverser le Danube.  Enfer et damnation ! Je dois monter un escalier de 100 marches pour monter sur le pont ; deux fois ; une pour le vélo, une pour la chariote.  Mais tout ces efforts ne sont pas vains car, du haut du pont, la vue sur Heinburg est magnifique.

Heinburg au petit matin

J’y arrive à 7h45 et je m’installe pour le traditionnel Kutchen-Käfe à la table d’une dame en foulard. 

Le clocher à bulbe de Heinburg. À gauche un mat de cocagne.

Je file bon train sur une piste longeant une voie ferrée. Il n’y a pas d’accès aux portes de Thèbes, l’endroit où le Danube rencontre et absorbe la Moldova. Cependant je distingue parfaitement, sur la rive gauche, les Petites Carpathes, collines sombres et élevées. 

Le château emblématique de Bratislava

Une fois encore je franchis la frontière sans m’en rendre compte. Comme me le disait une bonne allemande qui m’accompagnait quelques kilomètres « We are all europeans « . Si fait, et ça me plait ; n’en déplaise à d’aucun.

En entrant dans la ville, armé de mon meilleur sourire SBAM, je demande à un quidam « Ahoj, centre mesta prosim  » et lui de répondre « Sorry, I dont speak « ; le vent ; autant pour moi. 

Comme il n’est que 10h30 je fais le touriste pour conclure que c’est une très jolie petite ville de 250k habitants avec l’habituelle cohorte de visiteurs internationaux. Je m’offre une goulash dont, par indulgence, je ne dirais rien. 

Et je repars à 13h30 sous un sacré cagnat. La jolie conseillère du SI m’a convaincu de faire la route en Slovaquie jusqu’à Esztergom, soit 300 kilomètres au lieu des 70 prévus. J’ai eu tort.  Le pays n’est pas équipé ; aucun camping n’apparaît sur Google Maps. D’abord il y a 20km sur une belle piste longeant le Danube qui s’est transformé en mer intérieure. Pour donner une idée de sa dimension je la comparerais à la rade de Brest.

J’abrège la galère en prenant le bac gratuit pour la rive gauche. S’en suit 15km sur la grand route oú la circulation est réduite. Je remarque les voitures haut de gamme et le 95 à 1€36.

Direction Dunajska Strada oú il pourrait y avoir un camping. Ce qui est le cas ; qui plus est, il y a un bar à côté. L’ambiance est sympathique, sans prétention. Je like. 

Le Danube en Slovaquie et Hongrie

Dernier jour en Autriche

À 5h j’emprunte Obere Landstrasse, une grande rue commerçante et rectiligne qui traverse Krems de part en part.

Comme la cycliste qui me précède j’attend sagement au feu rouge pendant 1m30 alors qu’il n’y a strictement aucun trafic pendant cette période. 

Après avoir galéré un peu pour rejoindre Theiss et la Danauradweg je me dis que, dans certaines circonstances, un GPS peut être utile. 

L’ogre s’étale devant nous, placide, amorphe. Et sans doute s’étalerait-il plus si ce n’était la digue sur laquelle je roule. J’ai l’explication un peu plus tard, il est traversé par un barrage de production électrique en aval. 

Resituons la scène de mes tribulations 

Certains sont perdus quand j’évoque des lieux inconnus d’eux. Rien d’étonnant ; Quimper Corentin est loin de Langenshönbichl oú je me trouve (2260km exactement ); tout le monde n’est pas obligé de connaître.  Qu’à cela ne tienne.  Voici une carte globale qui montre le cours du Danube et les pays traversés.

En voici une autre sur la partie autrichienne. 


J’arrive à 8h30 à Tulln (15k habitants) qui s’enorgueillit de ses 20 rond-points et ses 2 ponts sur le Danube. Elle fut aussi le lieu de rencontre entre Attila et la femme de Siegfried, roi des Nibelungens, équivalent germain de la Chanson de Roland. 

Une partie de l’ensemble monumental sur la rencontre avec Attila

Eole est décidément mon ami aujourd’hui. Plein vent arrière, spi dehors, je dois faire des pointes à 35 km/h. J’avance dans un silence complet si ce n’est le chuintement des roues sur l’asphalte.

Vienne ķ

J’arrive à Vienne à 11h30 après 85 km. La ville est noire de monde ; je ne vais pas faire le touriste, il faudrait une bonne semaine pour en découvrir les richesses. Par contre je fais un détour par le naturhistorische muséum rendre visite à la Vénus de Willendorf dont je parlais hier. Elle n’a que deux admirateurs, une petite fille et moi.

Haute de 12 cm elle en impose la petite bonne femme, vieille quand même de 29 500 ans.

Je galère beaucoup pour sortir de Vienne et retrouver la radweg.

Celle-ci traverse une longue zone oú des sans-textile se dorent au bord du Danube. Trop absorbé par le spectacle je rate la sortie à gauche. J’en suis quitte pour quelques kilomètres de rab.

Mon but est de camper dans le Nationalpark Danau-Auen. J’y arrive à 18h30 pour découvrir qu’il n’y a pas de camping. En digne élève du docteur Pangloss pour qui tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, je trouve bientôt un terrain d’un hectare de foin fraîchement coupé et au bord du Danube. Comme dirait George Clooney « What else ? ».

C’était comment l’Autriche ?

J’ai suivi le Danube sur près de 400km en Autriche; c’est un pays fabuleux pour le cycliste de l’EV6. J’ai vu des paysages superbes avec, bien sûr, les 30km autour d’Inzell hors catégorie, frôlant le sublime. Les pistes sont parfaites. 

Mais les Autrichiens ? Comme disait Talleyrand « Méfiez vous de la première impression, c’est la bonne ». Des cyclistes qui font la gueule et qui observent militairement les règles ça me gêne. Et puis avoir Mathausen et des négationnistes au gouvernement, ça ne passe pas.