Vers le lac de Constance
S’il est des occasions oú l’expression « se faire péter la sous ventrière » s’impose, aujourd’hui est l’une d’elle. Je dévore en regardant le Rhin qui coule très vite, comme pressé d’arriver ; je me souviens que la Loire semblait prendre tout son temps. Le Rhin est un mâle conflé aux amphétamines, la Loire une femme langoureuse.
Je pars à 9h sous un ciel couvert. Un allemand qui m’accompagne quelques centaines de mètres me dit qu’il va à la messe. Voilà un homme pieux me dis je. Plus loin je vois une procession dans la campagne en soutane et aube, comme chez nous dans les années 60. Et soudain je comprends ; nous sommes le jeudi de l’ascension donc c’est jour férié ; donc les magasins seront fermés. Car les allemands sont chrétiens de stricte obédience. Rétrospectivement je me dis que j’ai bien fait de me remplir la panse.
La piste est de bonne qualité, bien signalée mais elle longe non le Rhin mais les routes départementales.

Impossible de laisser son esprit divaguer; une seconde d’inattention, on loupe un panneau et on se retrouve dans la campagne. Bingo ! Voilà que ça m’arrive. Après plusieurs kilomètres d’errance, deux allemands me prennent en charge sur 10km à travers les champs de légumes ; je vois des asperges d’un mètre, ils ne doivent pas les consommer comme nous.
Je m’arrête à Reinfall; les marchands du temple sont présents ; au hasard je commande « ein batwurtz bitte « ; et je vois une saucisse dans un sac en papier atterrir sur mon plateau. C’est sur que ça change de B Loiseau ou du 7 à Saulieu, mais à Rome je fais comme les romains.

J’étais en Suisse jusqu’à maintenant ; je traverse le Rhin pour passer par Schaffhausen, Stein am Rhein (jolie ville touristique qu’il faut traverser à pied.

Et à 17h30 je m’arrête dans un camping sur les bords du Rhin.
