De Inzell à Grein

Je reprends la descente du Danube par la rive droite. L’endroit à quelque chose de primitif; si ce n’était le ruban de bitume, il doit ressembler à ce que pouvait voir, il y a 15000 ans, un homme préhistorique.

La boule d’or du soleil apparaît brièvement entre deux falaises avant de disparaître au prochain virage. 

Après 1h30 de pédalée les falaises commencent à s’écarter, à s’abaisser ; les premières maisons, entrepôts, voitures apparaissent. La magie est passée.

J’arrive à 7h15 à Aschach. Arrêt buffet. 

La piste se poursuit le long du Danube, à l’écart de toute civilisation. On pourrait y faire du patin. Je sais que je mange mon pain blanc ; ça ne peut pas durer. Mais sûrement que le Danube a dans sa hotte d’autres surprises du même acabit. 

Quelqu’un qui ne demande rien à personne

Je n’ai vu personne depuis 10km et veux m’arrêter prés d’un banc en serrant à gauche. Mais un pisse-vinaigre arrive en face et me croise en gromellant, le regard furibard. Je suis sorti de ma ligne. Mais non Monsieur ! Vous ne gacherez pas mon plaisir. 

Quoique je ne veux pas faire d’hypothèses avec les germanophones. Si, d’après Charles Quint, l’allemand sert à parler aux chevaux (l’italien aux femmes, le français aux hommes et l’espagnol à Dieu) , peut être voulait il me signifier son appréciation. 

Peu après, un bac nous transporte rive gauche. Le  ciel est un peu voilé; je ne m’en plaindrai pas. La piste de 7km qui m’amène à Linz, oú j’arrive à 10h est impeccable. Je traverse le Danube et la ville à pied pour le tourisme. 200 000 habitants, 3ème ville d’Autriche ; Kepler, Bruckner, Mozart y ont séjournés.

Je pars à la chasse d’un des plus vieux gâteaux du monde (hast du ein Linzen Tort?); elle est, comment dire?, très roborative. Les mêmes enseignes que partout (Y Rocher!), du vent ; tiens, une légère bruine ; je ne m’y attarde pas. 

Sur 10km après Linz la piste est coincée entre le Danube et une forêt. La rive droite, par contre, est très industrielle. Le relief a disparu, la berge est à 1m de l’eau.

Le chemin se déroute et nous envoit dans une campagne sans charme jusqu’à passer par Mathausen: camp de classe 3, les pires ; entre 100 et 300 000 morts. Le bourg de 5 000 habitants est très normal, même enfants blonds, même petits restaurants sympas que partout ailleurs ; à peine un  petit panneau « mémorial de Mathausen « . Circulez, y’a rien à voir. 

J’arrive à 16h au camping de Grein, cher et mal placé.

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