Vers la colline éternelle

Dès potron minet je démonte tout et je pars, la guitoune arrimée au cadre. J’arrive à Briare par le fameux pont-canal, chef d’oeuvre de l’ingéniosité humaine. 

Le pont canal de Briare

Après un café je pique vers Dammarie; je traverse une campagne modestement vallonnée; le soleil, encore bas, enflamme les champs d’orge. Le clocher sonne 10 coups quand j’arrive à Dammarie ; pause restauration. Un beau donjon tout seul et en parfait état ; on se demande ce qu’il défendait. 

Le donjon de Dammarie

J’ai traversé des villages et des campagnes oú il ne se passe rien. Au centre de celui ci il n’y a pas de réseau; c’est sans doute une des explications.

Aujourd’hui je n’ai pas de but précis; dans ces cas la bicyclette est un superbe instrument de liberté; on s’arrête oú on veut, quand on veut, on va aussi loin qu’on veut. Soudain une idée lumineuse germe dans mon cerveau fécond (A Talon) : pourquoi ne pas passer par St Fargeau, ville de Colette, puis terminer par le Vézelay, par les petites routes.

A St Fargeau j’entre par une large avenue bordée de tilleuls; je m’y arrête pour avitailler; jolie bourgade, beffroi, château.

Le beffroi de St Fargeau

Les prix sont élevés, parisien dirais je; même la bistrotière revêche du café du centre ne me gachera pas mon plaisir. Je continue ma route en cherchant un banc au soleil; le vent du Nord Est est toujours fort, le fond de l’air est frais; au menu: terrine forestière cèpe et bolet, fromage de chèvre.

Segment pénible jusqu’à Toucy, vent de face, forte circulation. Mon service trois pièces commence à crier grace, trop de selle; c’est vrai qu’il n’a rien demandé. Je demande la direction de Vézelay une fois, deux fois, trois fois, personne n’en a la moindre idée; un site classé au patrimoine mondial à moins de 50km! Trop de télé ou de jeux vidéo.

Me reste 53km, plein sud. Je fais un arrêt à Ouanne et me dirige vers le cimetière. Pourquoi demanderez vous? Parce qu’il y a toujours de l’eau dans les cimetières pardi; j’y refais mes bidons. J’ai maintenant vent arrière avec peu de circulation dans un paysage de collines, avec des champs de blé, de colza, d’orge à perte de vue; chacun avec sa nuance de vert.

J’ai atteint les contreforts du Morvan, la route est accidentée, les fessiers gémissent. J’ai droit à 3km de descente sans donner un coup de pédale. Puis viennent 6km au bord du canal du Nivernais jusqu’à Chatel Censoir, à gauche une haute falaise calcaire boisée, un enchantement.

Après Chatel il reste 16km de grimpette; le corps souffre. J’invente un jeu: je compte les bornes kilométriques de 23 à 37, interminable.

Au début d’une descente j’aperçois enfin la colline éternelle; je m’arrête pour une photo; j’entends le clocher de la basilique sonner 7 coups. Il me reste 3 km qui semblent déjà plus légers.

Vézelay

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *