Une étape de transition
Une pause bien méritée
Hier, après avoir monté la tente au camping municipal, je me suis dirigé dare dare vers la seule pizzeria ouverte, au bout de la bien nommée rue du Paradis.
Quel bonheur! J’ai commencé par les spaghetti à la bolognaise, une pure merveille; puis une pizza exceptionnelle; enfin, sur la recommandation du chef , une forêt noire à sa façon à se damner. Le tout arrosé d’un petit velours de derrière les fagots. J’aurais bien ajouté un osso bucco mais ça aurait été abuser.
La nuit aussi a été bonne, sans rêve, jusqu’à 7h du matin. Comme aurait dit ma défunte mère: « ne ouie ket pet laou a oa tro-dro d’e revr » , ce qui veut dire que j’avais bien dormi.
Vers Malestroit
Ce matin, en pleine forme, je suis reparti pour une petite étape, 70km jusqu’à Malestroit.
Autant le chemin entre Mûr et Pontivy est quelconque, autant celui jusqu’à Rohan est superbe. Les écluses se succèdent d’abord rapidement, tous les 100m jusqu’à l’écluse de Sant Karadec. Le canal s’avance entre de beaux arbres.

Puis il redescend jusqu’à la rigole d’Hilvern.
Un mystère enfin résolu
En roulant sur la N165 de Rennes à Chateaulin j’ai souvent remarqué une pancarte annonçant la rigole d’Hilvern. Je me suis toujours demandé ce qui pouvait valoir cet honneur à une simple rigole. Affaire éclaircie, aujourd’hui je suis capable d’y répondre. La rigole apporte l’eau du barrage de Bosméléac au canal. Elle parcours pour cela 61km en suivant une pente de 0,3mm par mètre. A vol d’oiseau la distance est de 21km.
Rohan
En 1120 Alain prend possession de ce rocher (roc’han) en breton et crée ainsi la lignée célèbre. Au XIV le territoire de la famille s’étend sur le tiers de la Bretagne.
L’année dernière j’avais regardé avec V. la finale de la coupe du monde dans ce café près du pont. Je me souviens d’une apres midi sans passion; peut être dû à l’âge de l’assistance ou au manque de rythme du match.
Rien à voir avec la finale de 98 vue aux flots à Morgat, ou de la demi contre l’Allemagne en 82 vue dans un café de Concarneau quand l’infâme cordonnier (shoemacher) agressa notre Battiston qui allait au but.
Après Rohan je m’arrête pour bavarder avec un pêcheur; il est déçu, un seul brochet depuis ce matin, d’ailleurs y’en a de moins en moins, c’est pourquoi ils ont remonté la limite à 60cm. Je lui demande quel goût ça a le brochet; c’est plein d’arêtes, de l’anus à la queue c’est bon pour la soupe, au dessus de l’anus c’est en ragoût. Bizarre, chez moi on appelle ça du congre, question de dialecte sans doute.
Une blagounette
Comme je ne veux laisser aucun de mes lecteurs en route, en donner à chacun pour son argent, voici une blagounette qui me fut racontée, il y a bien longtemps, par mon amie Suzanne.
Un parisien sur le vieux port de Marseille rencontre un pêcheur et lui dit en écartant les bras: oh con, peuchère, vous avez déjà vu un congre gros comme ca? Et le pêcheur de répondre avec flegme: ouigre.
Bonjour pays Gallo, kenavo Breizh Izel, bro dispar
Je m’aperçois que je viens de rentrer en pays Gallo en arrivant à Josselin. Pour les ignoranti le pays Gallo s’étend à l’est d’une ligne Vannes-St Brieuc, on y parle gallo, à l’ouest c’est la Basse Bretagne.

Sur un panneau à Josselin l’hermine ne dit plus « kentoc’h mervel eget bezan saotret » mais « better dead than sullied »; ce qui, on en conviendra, est plus compréhensible à beaucoup. L’hermine était symbole de pureté; l’hermine du drapeau représente la queue de l’animal, appelée moucheture; elle est, traditionnellement, fixée sur le blason par trois broches. C’était ma minute culturelle.
Conversation au bord du canal
Je m’arrête à deux kilomètres de Malestroit pour bavarder avec un couple de promeneurs. Vous venez d’où? De Quimper. Ah bon, vous êtes parti ce matin alors? Là vous exagérer; non, je suis parti dimanche. Et vous allez où? Jusqu’à la mer. Ah ben, vous n’êtes pas très loin alors. Mais on ne parle pas de la même mer. C’est laquelle la votre? La mer Noire. Ah ben, vous n’êtes pas encore arrivé, bonne route.
Excellente la conversation au bord du canal !
Avec la mémoire phénoménale que tu as ….. tu nous la raconteras encore dans 20 ans !
Celle de Suzanne date d’au moins 30 ou 40 ans …. Je l’avais oubliée.
Pas Suzanne con …. gre ! La blagounette !