Diagonale Strasbourg Hendaye partie 2
Partie 2 Récit d’aventure écrit par Mathieu Le Corre
Nous sommes le 10 Mars 2024. C’est la Randonnée de Printemps des Cyclos Randonneurs de Quimper Cornouaille. Je m’y rends avec Guillaume ; mon fils, âgé de 13 ans. Il est licencié à l’école cyclo de Quimper. Ce jour là, la météo est favorable. Nous réalisons ce circuit de 50 kms sans difficultés. Une belle randonnée réalisée en duo.
A l’arrivée je retrouve quelques connaissances et partenaires de manivelles, notamment Gwénaël (licencié au CRQC). C’est un randonneur chevronné qui a à son actif : 4 PBP et 6 diagonales validées. Nous échangeons sur nos projets passés (dont le PBP 2023) et nos projets futurs : Diagonale ?
Nous projetons tous les deux une diagonale au mois d’Août prochain. Strabourg Hendaye pour Gwénaël et Dunkerque Perpignan pour moi. Pourquoi ne partagerions nous pas un périple ? L’idée est donc lancée et actée…
Je n’ai jamais réalisé de diagonale en duo et cela m’inquiète un peu. Un peu ?? En fait, Nous avons terminé sensiblement notre PBP dans des délais similaires, et c’est un élément important, et plutôt rassurant. Nos niveaux sont très proches. Enfin presque. Quand on analyse notre feuille de route du PBP, ma moyenne est plus rapide mais je suis contraint de m’arrêter plus souvent. Je perçois là un enseignement intéressant à approfondir.
C’est ainsi que débute notre aventure. Strasbourg – Hendaye
Dimanche 25 août 2024
Après avoir passé une bonne nuit de sommeil, réparatrice, je prépare mon matériel. La liste est conséquente. Notamment la partie alimentaire. Elle compose l’essentiel de mon chargement. Ce matin il me reste encore les quelques petites préparations de dernière minute (wrap, sandwichs…)
C’est la 6eme expérience en longue distance (3eme diagonale) et je persiste à emporter avec moi 80/90% de mon alimentation. En plus de ma feuille de route, j’ai, aujourd’hui, ma feuille de route alimentaire. Mes repas, collations et heures de prises sont répertoriés.
Cette démarche résulte d’un travail réalisé avec Julia Baleine, une nutritionniste que j’avais rencontré pour préparer le PBP 2023. Grâce à ce travail, j’ai résolu le problème de mes chutes de tension et fringales que j’avais lors de ces efforts longs.
L’une des devises enseignée par mes aînés cyclos pour la longue distance : « il faut manger avant d’avoir faim et boire avant d’avoir soif !». Elle résume bien l’art de la longue distance, mais nos métabolismes sont tous différents. Par conséquent, nos apports nutritionnels aussi.
Que signifie réellement cette expression ? J’ai donc tenté d’approfondir cette question. L »Epicurien sportif » résumerais bien ma philosophie. Manger sainement et pratiquer une activité sportive régulière m’incite à poursuivre ces longs périples en autonomie.
Ma musette est composée de collations réalisées maison (une façon d’échapper aux barres énergétiques du commerce). Dans ma musette, j’avais mis : du fait maison : gâteau breton, far, des crêpes, des cakes salés, rocher coco (cf annexe)
UN VRAI GARDE-MANGER !!
Hier, en arrivant à l’hôtel, nous avions pris soin d’équiper nos vélos de leur sacoche et d’accrocher notre plaque de cadre fournis par la FFvélo « Strabourg-Hendaye ».
10h15, Le carton d’emballage qui contient toutes les affaires inutiles est prêt pour être déposé en relais colis. Nous quittons l’appartement. Je dépose mon colis. Nous prenons enfin la direction du commissariat de police pour y faire tamponner de la « Marianne » notre carnet de route.
Cette photo à 11h00 devant l’hôtel de police signe notre départ pour cette longue aventure au travers de notre territoire.
Nous quittons Strasbourg par la piste cyclable. Elle est un peu endommagée à certains endroits. En plein jour, racines et imperfections sont évitées sans difficultés. Nous démarrons cette randonnée tranquillement, le rythme s’imposera à nous bien plus tard. La route est encore longue et rien ne presse. Le passage le long du canal Rhin/Rhône est appréciable. Il est jalonné de beaux platanes qui nous abrite du soleil.
Vers 12h00, du côté d’Erstein, nous observons les belles maisons typiques alsaciennes Notre futur terrain de jeu s’expose au loin : le massif vosgien.
Km 53 J’entends derrière moi « crevé !» Pardi ! Mon compagnon est déjà fatigué ? Pensais-je. Non ! C’est son vélo qui est crevé ! Et oui déjà !! Une chambre à air neuve, une photo pour témoigner de cet incident. 15 min dans la vue…
Nous nous engageons tranquillement dans ce massif Vosgien, avec une pente qui s’élève gentiment.
Vers 15h00 nous démarrons cette montée vers le col des Bagennelles et traversons Sainte Marie aux Mines. Après ce village, les pourcentages augmentent progressivement. J’ai du mal à trouver mon rythme dans cette 1ere ascension. Je vois Gwenaël s’éloigner tranquillement. Nous nous engageons dans cette sapinière Vosgienne : un régal pour le nez avec toutes ces bonnes odeurs de sapin.
Fidèle à mon cardio. Je le connais de mieux en mieux grâce à Karvonen (chercheur Finlandais, cf annexe). Il m’indique que je suis en capacité de monter en pulsation. J’ai identifié ma zone FC en longue distance, et là, je suis un peu trop haut. Qui veut aller loin ménage sa monture !.
Maintenant et grâce à l’expérience, j’ai identifié ma zone de confort en longue distance à 57%. Il s’agit de la zone de récupération (cf annexe). S’y tenir demande un effort de concentration et c’est un exercice difficile dans une 1ère journée où la forme physique est bien présente. Pourtant, l’organisme a besoin de cette première journée pour se mettre en
marche. Tout doit se mettre en place : effort, digestion, hydratation. En appliquant cette méthode au cours des Paris Brest Paris, j’ai d’ailleurs constaté : je remontais et dépassais de nombreux participants issus même groupe ou partis après moi dès les 2/3 tiers du parcours.
Cette méthode cible la zone cardiaque, ne doit pas être confondue avec la vitesse. Cette dernière dépend de la puissance que l’on est capable de tenir. C’est encore une autre approche mathématique de la discipline. Des capteurs de puissance sont encore trop chers à ce jour pour mon usage (celui de mon home traîner connecté me suffit largement).
Nous arrivons au col des Bagenelles pour 15h40 et profitons pour admirer la vallée. Celle que nous avons progressivement quittée depuis ce matin. Même si l’énergie dépenser pour gravir ces acensions est élevée, le rythme à vélo offre à l’esprit, le temps de s’imprégner généreusement des paysages et panoramas. A chaque virage son émotion. L’exaltation et la contemplation sont décuplées quand on arrive en haut.
Avec les années qui s’écoulent, mon appétence pour ces périples ne cesse de s’accroître, cherchant à renouveler ces émotions incomparables. Je crois que j’ai mis la main dans un paquet de bonbons….
Après ce col des Bagenelles, il faut encore un « petit coup de cul » et quelques hectomètres supplémentaires pour atteindre le col du pré de Raves..
Kilomètre 83 ! Dans la descente du col. PShiiiiiiii !!!!! Cette fois, c’est moi. Photo souvenir prise par gwénaël, à mon insu, bien évidemment !! Mais c’est de bonne guerre !!
Ma chambre à air se trouve au plus profond de ma sacoche de selle 16,5l. Très peu accessible. Si je dois sortir tout mon barda, on n’est pas reparti ! Je note l’efficacité de mon acolyte, dans la décision, puis la transmission de sa chambre à air. Je constate que tout lui semble facilement accessible, rapidement, dans ses sacoches arrières. J’en prends sérieusement note.
Je ne vois rien dans le pneu et c’est étrange. Peut-être une épine !!! 15 min s’écoule et c’est reparti pour la fin de la descente vers le col du Bonhomme. Km 86 ! Pchiiiiii !!! Bougre ! Fichtre et puis Mer…….et seulement 3km depuis la dernière et c’est encore moi ! Du même pneu avant.
Nous sommes au col du Bonhomme. Ma chambre à air est toujours au fin fond de ma sacoche de selle. J’ai mon kit de réparation sous mon tube oblique, très facile d’accès. Je prends la décision de réparer.
Comme tout bon réparateur j’identifie et repère l’emplacement de la crevaison. Je ne vois rien dans le pneu. Je suis interpellé par de la gomme sur mon étrier de frein…Aie ! Cause identifiée et constatée par Gwénaël. Avant de partir sur cette diagonale, j’ai rééquipé mon vélo de sa roue dynamo. Le frein fonctionnait. Cependant, je n’avais pas vérifié attentivement que le patin entrait en bien en contact avec la jante. Vérification de débutant… et je m’en veux à ce moment là.
Effectivement le patin était en contact avec le pneu ! Il a usé prématurément le flan de mon pneu neuf. J’ai une amorce de déchirure et je vois au travers du flan. Nous sommes en pleine Montagne, un dimanche soir, sans pneu de rechange à se mettre sous la main. Le reste de mon aventure peut s’arrêter à tout moment.
Pour éviter l’hernie, je colle une rustine à l’intérieur du flan pour tenter de limiter l’aggravation de la déchirure. Nous repartons 30 min plus tard. J’ai l’épée de Damoclès au dessus de ma tête. Nous descendons après le col de Loucpach, par la jolie route forestière du Rudlin. Elle est très abîmée et secoue vivement ma monture fraîchement réparée. Je suis particulièrement inquiet par mon pneu. J’informe mon compagnon qu’il poursuivra, peut-être, l’aventure seul si mon pneu, durant la nuit venait à céder. Je relativise ! C’est une réparation pneumatique envisageable, Ce n’est pas une casse mécanique ou un problème physique pénalisant.
Seule condition : trouver un magasin de cycle ouvert le lundi. J’espère simplement que la réparation de fortune tienne bon. Après tout, Hendaye est l’objectif et on peut s’y retrouver quand même. Cela peut devenir mon petit challenge supplémentaire si je dois réussir à rallier Hendaye dans le temps imparti pour valider cette diagonale.
Pour 18h30 nous sommes à Gérardmer, 2h00 après notre prévisionnel. Contrôle photo au panneau. Arrêt en station service Total pour re- gonfler mon pneu.(astuce : j’ai emporté avec moi l’adaptateur de valve).
Très contrarié par ce désagrément, nous nous posons sur un banc face au lac de Gérardmer. C’est un joli coin, mais je n’arrive pas à me détendre pour apprécier ce bord du lac très fréquenté en ce dimanche du mois d’août. Je fini même, par re-dégonfler mon pneu dont la rustine de colmatage semble plus visible. Je roulerai plus souple…
Nous poursuivons notre route vers Vagney, à 15 kms après Gérardmer. Nous repérons un restaurant « Kebab » pour prendre notre repas du soir avant d’affronter notre1ere nuit.
L’ambiance générée par le bout-en-train de patron est bonne et cela me distrait un peu. Je pioche dans ma sacoche, l’un de mes repas, accompagné d’un Perrier pour parfaire mon hydratation. Gwénaël se délecte d’un bon Kebab. Ce repas réparateur nous permettra d’aborder la nuit plus sereinement. Nous nous équipons pour la nuit. C’est reparti en direction de Vesoul à 76 kms d’ici.
Nous rallions Vesoul à 23h30. Nous prenons une magnifique photo (ironique !) au pied du panneau d’agglomération en guise de souvenir (Bien entendu, c’est pour le contrôle !).
Gwénaël avait repéré un camping quand il a réalisé la trace Il est proche d’une base nautique. A cette heure, la barrière est fermée ! Personne à l’accueil ! Nous nous y engageons quand même ! A cette saison le camping s’est vidé de ses occupants et nous recherchons un emplacement pour y établir notre petit campement. Je cherche désespérément à déployer mon hamac. Pas de points d’ancrage dans les haies périphériques de notre lieu. Je vais dormir au sol. J’ai mon Bivy (sac en matière couverture survie) et mon sac de couchage. Finalement je dors sur le bivy, pour m’isoler du sol.
Berceuse ??? J’ai pas entendu !!
Kilomètres parcourus : 208,7 km Moyenne de route : 21,6 km/h
Dénivelé + : 2016 ratio : 970m/100km Temps de pédalage : 09h40
Zone FC : 58%
Lundi 26 Août
Pas Besoin de réveil !
L’humidité et le froid me réveillent à 3h45, 15 min avant ma sonnerie programmée! Sur mon casque, posé à côté de ma tête, des limaces se promènent. Couché à même le sol, le masque baveux n’était pas très loin…
Dans la nuit, aucun bruit suspect ne m’a réveillé. Pas de « Pchiiiii » et encore moins de
« Paffff » ! Ma réparation tiens toujours le coup et mon pneu n’est pas à plat.
Mon objectif du jour : trouver un magasin de cycle. 136 kms à tenir pour rejoindre Beaune, notre prochain point de contrôle. Espérons que ça tienne ! Je sers les dents et les fesses (et c’est peu dire compte tenu de la discipline !!).
Je ramasse mes affaires et me rends vers les sanitaires. J’y trouve une porte ouverte au niveau de la « bloc vaisselle ». Lieu parfait pour s’installer et prendre un petit déjeuner. Je sors mon petit réchaud et prépare mon thé à mettre dans ma thermos. J’offre à Gwenaël une dosette de café lyophilisé, sortie de ma musette. Je me délecte de mon mélange petit déjeuner, mis sous vide, avant de partir sur cette diagonale (flocons d’avoine/lait en poudre/baie de godgi), mais aussi des crêpes. Un brin de toilette. Rechargement puis départ. Il est 4h53 et l’accueil n’est toujours pas ouvert. Qu’importe, notre nuit fut courte et d’un faible dérangement. (ni vus, ni connus! Discrets comme des diagonalistes..).
L’heure des transporteurs routiers a sonné en ce lundi matin. Dans cette fin de nuit. L’axe à la sortie de Vesoul est fréquenté par les camions. Biens équipés de nos gilets et éclairages, Ça dépasse vite et cela n’est pas très rassurant.Vers 8h00, A Auxone, en Côte d’Or, nous traversons le 551e régiment de train qui semble animer cette ville de 7000 habitants. Nous croisons quelques militaires en tenue. Le soleil est présent et commence à nous réchauffer.
A Cette heure là, nos papilles sont en éveil et la boulangerie La Rondes Pains les satisfera pleinement. Arrêt viennoiserie/café ! La douceur des pains aux chocolats et pains aux amandes redonne l’énergie. C’est déjà savoureux quand on est à la maison, mais là, dans les conditions d’une diagonale, le goût et les saveurs sont décuplées. C’est bon pour mon moral ! Je vais aborder cette 2ème journée dans de bonnes conditions. Les kilomètres défilent et l’épée de Damoclès ne tombe pas ! Pour le moment!!
Vers 10h00 je commence à m’intéresser au marchand de cycle. Fini les pages jaunes et les cabines téléphoniques. Aujourd’hui, tout se fait par téléphone. Je continu à rouler derrière Gwenaël. Je profite pour rechercher sur mon téléphone les marchands de cycle sur Beaune. Si possible proche de notre itinéraire. Je parviens à en trouver un. Il est Notifié
« ouvert » sur google map. Je l’appelle (toujours sur le vélo. Aïe ! Pas bien !).
« -Bonjour, Je traverse la France en vélo, avez-vous des pneus neufs en vente (question destinée à un réparateur vélo ! (oui, la question est idiote !!!))
- oui, bien sûr ! (réponse courtoise et commerçante !!) Quel modèle ? Il m’en propose quelques-uns. Parfait.
- Nous serons là avant midi !
- Très bien ! A tout à l’heure ! »
A 11h00 nous arrivons à Beaune. Parfait ! La même heure que notre feuille de route !
Nous profitons de l’arrêt magasin de cycle pour tamponner notre carnet de route.
Je crois que la journée s’annonce sous de bons auspices : Les hospices de Beaune !
C’est donc au pied des hospices, de Beaune, que je procède à mon changement de pneu.
Grand soulagement ! Gwenaël profite de cette pause pour refaire son appoint de course alimentaire et nous grignotons avant de repartir.
A Partir de 12h30 nous traversons les vignes de bourgogne : Meursault, Chassagne Mont-Rachet, Santenay. Des noms qui chantent bien, mais la dégustation attendra…
La météo est chaude et la crème solaire est appliquée par sécurité. Le problème pneumatique est loin derrière, cependant, un problème en amène un autre. Les kilomètres défilent et je commence à ressentir des douleurs aux fessiers. Fait rare ! Cela m’inquiète.
Nous approchons de Digoin, vers 17h00, notre prochain point de contrôle. C’est seulement à l’instant où je repère une pharmacie que j’en parle à Gwenael. Il faut que je trouve rapidement de la « double peau » pour arrêter l’inflammation. Si je ne le soigne pas rapidement, cela peut vite s’empirer. L’attente est longue en pharmacie. Mon compagnon profite de ce moment pour s’alimenter. Je crois qu’il s’impatiente aussi. Il est prêt à repartir. Moi non !
Nous recherchons une brasserie, mais repérons seulement un bar pour pointer. Nous repartons de Digoin par Le Pont Canal qui enjambe la Loire. C’est une curiosité touristique de ce village.
Vers 19h30 nous sommes sur le village de Lapalisse dans le département de l’Allier, notre timing est bon, conforme à notre feuille de route.
Nous sommes à une vingtaine de kilomètre en direction de Vichy, notre prochain point de contrôle. Nous avons gravi quelques raidillons qui nous permettent d’atteindre un plateau. Nous sommes sur les hauteurs de Bost (03), et profitons de cette fin de journée pour admirer le coucher de soleil qui s’amorce. Le panorama est dégagé. Les belles couleurs rougeoyantes s’étendent à l’horizon. Pas de circulation. Je mesure la chance de sillonner de belles routes par météo si agréable.
Nous entamons une longue descente vers Vichy avec une douce température et les belles couleurs d’un coucher de soleil.
Nous traversons cette belle ville de Vichy pour rejoindre notre Hôtel Ibis Budjet (réservé par Gwenaël quelques jours auparavant.). Un grand luxe me concernant. J’ai réalisé les précédentes diagonales en mode « roots ». Je déployais mon hamac au gré de mes envies et de mon état de fatigue.
Nous sommes dans notre chambre pour 22h00. Chacun prépare ses affaires et son repas. J’apprécie mon melon et ma soupe à la tomate lyophilisée aux vermicelles (un bon complément d’hydratation). Ma sacoche de selle se vide !!
Lors de ma diagonale Brest-Menton en 2021, j’avais opté pour une courte nuit en hôtel, malmené par une météo froide et humide. Ce soir je renoue avec ce grand confort et redécouvre ainsi la douche et ses vertus apaisantes.
Sur les recommandations de « mon staff médical » resté à la maison (Marine, épouse attentive et infirmière) me guide pour améliorer ma guérison. De l’homéoplasmisme est appliqué avant de se coucher pour améliorer ces douleurs.
Couché vers 23h00. Je n’ai pas entendu la berceuse…
Kilomètres parcourus : 312 km Moyenne de route : 23,1 km/h
Dénivelé + : 1904 m ratio : 610m/100km Temps de pédalage : 13h30
Zone FC : 51,6%
Mardi 27 Août
Notre réveil sonne vers 4h00.
Le confort d’un lit est particulièrement régénérant. Finalement, 5h00 de sommeil suffisent pour recharger nos batteries (ou accus musculaires !!). Je rappelle que le règlement des diagonales interdit les VAE. (Vélo Assistance Electrique).
Décidément ! Comme un débutant, j’ai commis l’erreur de porter, depuis le départ, un cuissard neuf, reçu dans la semaine, lavé, mais non testé. C’est probablement l’origine de mes douleurs. Ce matin, je change mon cuissard et l’homéoplasmine appliqué la veille semble bénéfique. Douleurs atténuées.
Nous prenons notre petit déjeuner dans cette chambre d’hôtel. Elle est rendue exiguë par nos montures. Elles aussi ont eu le droit au confort.
Pour 04h50 nous quittons nos quartiers.
A raison de 8/9 degrés ce matin, j’apprécie les premières difficultés pour me réchauffer. Nous entrons dans le département du Puy de Dôme et Riom s’éclaire au loin. Une grosse journée nous attend. Le point haut à atteindre se situe au plateau des MilleVaches.
Les températures sont fraîches ce matin. Ce soleil commence à pointer le bout de son nez vers 07h00. Après l’avoir quitté à l’ouest hier soir, nous le retrouvons à l’Est-ce matin (tout va bien. Les idées sont claires !!). Une luminosité rougeoyante, digne d’un beau levé et annonciateur d’une magnifique journée.
Nous sillonnons les contreforts du massif central sur des routes vallonnées, peu de trafic routier. Nous traversons Aigueperse, Combronde. A Manzat, vers 7h30, c’est l’occasion de s’arrêter pour notre traditionnel petit déjeuner « viennoiserie ».
Du coté de Saint Georges de Mont, difficile de le rater ! Surmonté de son antenne de communication si caractéristique : le Puy de Dôme s’élève au loin.
Après Ancizes, Nous entamons une belle descente. La route surplombe la retenue d’eau de Fades Besserves (63). Une belle atmosphère y règne. L’évaporation matinale, est perceptible. Elle est rendue possible par la différence de température entre la chaleur de l’eau et les basses températures de l’air. Une légère brume s’en dégage, apportant une ambiance cotonneuse. Ces beaux paysages captent notre attention quand la route s’élève dans les pentes de 10%, après le Pont du Bouchet, en bord du lac.
Après Giat, nous entrons dans le Parc Naturel de Millevaches-Limousin. Les parcs naturels sont toujours agréables à traverser. Pour des cyclos, ils riment souvent avec tranquillité. En même temps, nous entrons dans l’un des département les moins peuplé du territoire : la Creuse. Les habitants de la Courtine sont là pour nous le rappeler : environ 120 000 habitants. Nous y sommes pour notre pose déjeuner. Nous nous attablons au bar /épicerie de ce village. Pointage. Gwénaël en profite pour y faire appoint alimentaire.
C’est dans une ambiance accueillante et chaleureuse que nous prendrons notre repas.
Bidons et bidons (estomacs !) rechargés, nous reprenons la route.
Je reconnais un passage de route emprunté en 2021 (Brest-Menton) avant la Maison du parc Régional. Les itinéraires finissent par se croiser sur les diagonales…des images et souvenirs rejaillissent.
Nous atteignons Millevaches vers 13h00, à 930m d’altitude, le point haut de cette journée vallonnée.
Entre forêt de Douglas et prairies, notre itinéraire est très plaisant. Le profil est plutôt négatif pour la suite de notre après- midi. Néanmoins, les quelques routes bucoliques tracées pour l’itinéraire nous obligent à appuyer un peu plus fort sur les pédales, et mon 34/28 est parfois un peu léger. Les montées sont courtes alors ça passe! Un peu en force !
Bugeat, Gourdon, Madranges (aucune usine de jambon dans ce joli petit patelin …publicité mensongère ??!!).
A Seilhac (Corrèze). Km 702, Il est temps de refaire le plein des bidons sous cette grande chaleur. Des douleurs sévères se réveillent. Très difficile de se rasseoir sur ma bonne selle Brooks. De vives douleurs apparaissent ! Le malaise arrive !. Je m’allonge quelques instants et pioche un peu de Doliprane pour me permettre de tenir jusqu’à Terrasson Lavilledieu, l’objectif final de cette journée.
A sainte Féréole nous entamons une longue descente en direction de Brive. Nous y retrouvons la chaleur, le tumulte de la ville et son intense circulation. Les voitures roulent vites et nous frôlent. Le contraste est déplaisant, dans cette fin de journée où la fatigue des organismes se fait sentir.
A Brive, nous prenons le temps de faire les courses en grande surface pour nos repas de ce soir et demain. Il est 20h30 quand nous sommes accueillis au camping de Terrasson Lavilledieu, en Dordogne. Ce soir, nous dormons dans un camping ouvert et réservé à l’avance. Un mobil-home pour les gens de passage est mis à disposition. A cette époque de l’année, il est calme. Beaucoup d’emplacements se sont vidés.
Au menu de ce tête à tête : melon et pâte bolognaise/emmental. Un repas roboratif après cette bonne journée. A nouveau ! Une bonne douche et un bon lit pour récupérer.
Toujours pas entendu la berceuse !!
Kilomètres parcourus : 251 km Moyenne de route : 19,6 km/h
Dénivelé + : 2892 m ratio : 1150m/100km Temps de pédalage : 12h50
Zone FC : 50%
Mercredi 28 Août
Réveil à 04h30. Je promène depuis le départ, quelques filtres en papier et du café moulu pour ce petit déjeuner. J’avais misé sur la présence d’une cafetière dans cet hébergement. De si bon matin, c’est une délicate odeur de café qui parfume notre mobil-home.
A 05h30, nous enfourchons nos montures pour aborder cette 4eme journée. Le dénivelé annoncé est plus léger qu’hier.
Il fait meilleur ce matin dans cette région, les 12°C sont affichés sur nos compteurs. Nous traversons Montignac Lascaux (connu pour ces grottes), longeons la Vézère, passons devant La roque Saint Christophe, les Eyzies et ses troglodytes à 07h30.
Le soleil se lève aussi et je retrouve partiellement un itinéraire emprunté en vélo lors d’un séjour famille en 2021. J’ai également découvert ces routes pendant nos vacances en cyclo-camping dans les années 90 avec Papa, Maman et Katy. Initié jeune à l’esprit cyclo, cette Diagonale en est un prolongement. Certes plus sportif ! Mais le fond n’a pas changé. Toujours cette sensation de liberté, hors du temps, l’esprit déconnecté (mais pas le téléphone…), dans le simple but de (re)découvrir de nouveaux paysages.
Un peu avant 8h00, km 800, notre pause matinale se déroule à Le Bugue en bord de Vézère pour satisfaire nos appétits. Nous traversons à 8h45 la Dordogne.
Nous roulons bon train ! Les localités s’enchaînent : Buisson Cadouin, Beaumont du Périgord, Issigeac, Falgueyrat et enfin Lauzun, notre point de contrôle. Le soleil est généreux, pour notre pose déjeuner. Nous nous installons à la terrasse Du café des sports. A l’abri sous parasol. Supérette Vival pour Gwénaël, le contenu de ma sacoche pour moi (oui, il m’en reste encore !!). Je n’ai pas trop regardé ma montre pour la durée des arrêts repas, mais c’est
environ 45 min à 1h00. Je trouve qu’ils sont assez rapides. J’ai la sensation que nous sommes plutôt organisés dans cette gestion. Il est très important de soigner les arrêts. Sur une longue distance, avec une barrière horaire à respecter, les minutes peuvent défiler plus rapidement que l’on ne pense !
Ni surhumains ! Ni surhommes sur nos bicyclettes. Et pourtant, c’est le regard porté par nos cafetiers lorsque nous demandons à faire pointer nos carnets de route. Les distances parcourues semblent infranchissables à leurs yeux.
« Quoi ??!! Vous êtes partis il y a 4 jours, de Strasbourg, et vous êtes déjà là !!! Aux portes de l’Atlantique !!» ….
Je commence à m’y faire !! Je l’ai bien compris ! Peut être q’une part de folie sommeille en tout diagonaliste et amateur de longues distances.
Nous repartons sous une grande chaleur. À Seyches ! Je suis à sec ! Il est 13h30 et 33°C. Nous sommes dans le Lot-et-Garonne. Mes arrêts mixions fréquents me font souvent perdre Gwénaël. Je finis toujours par le retrouver. Le GPS a aussi un avantage. Nous sillonnons la même trace GPS, et parfois, malgré la distance qui nous sépare, nous nous retrouvons forcément. Pas d’erreur de navigation. Très confortable et sécurisant pour cet itinéraire partagé.
Depuis ma visite chez la diététicienne en 2023, j’ai compris l’importance de l’hydratation. J’y attache, aujourd’hui, une grande importance. Je m’efforce de consommer 500ml par heure d’effort. Comme je ne suis pas né sous le signe du « chameau » mais plutôt celui de la « mule », je pars avec 2×750 ml sur le cadre, et un porte bidon de selle qui me permet d’emporter 500ml d’eau pure (pour l’aspersion en cas de besoin) et une thermos de 700ml (du chaud ou du frais). Cela représente 3200g contenant+contenu pour environ 5h00 d’effort.
Je n’ai rien inventé ! Mes aînés et mentors le savaient déjà. Un simple contrôle visuel permet de s’assurer d’une bonne hydratation : plus les urines sont claires, et mieux c’est ! Sur le plan scientifique : une déshydratation, c’est 25 à 30% de rendement en moins et le Calcul est simple : à 30 % on passe de 22km/h à 15,4 km/h. En fait, avec cet effort constant, demandé à l’organisme, durant ces longues heures de pédalage, la déshydratation n’est jamais loin!
Bref ! Je m’arrête souvent pour faire pipi. Aujourd’hui cela me rassure, dans cette pratique de cyclotourisme plutôt engagée!!
Nous arrivons sur Marmande et traversons la Garonne sur bel ouvrage d’art. Il est 14h00. 2h00 heures après notre feuille de route.
Les petites ascensions vers Grignols ont eu raison de mon assèchement. Le bidon pour l’aspersion prend tout son sens sous de telles températures. Je sens que les oreilles et la tête montent en température, le coup de chaud n’est pas loin…Je n’ai plus rien dans mes bidons et il est temps de s’arrêter pour les recharger.
A Grignols, enfin des toilettes publiques. Nous profitons de cette pause fraîcheur, à l’ombre, sous un arbre. Nous nous aspergeons abondamment afin de faire tomber la température corporelle. Je remets, aussi, des pastilles d’électrolytes dans les bidons pour compenser partiellement la perte de sels minéraux.
Nous cherchons à repartir et Gwénaël s’aperçoit que sa monture a crevé. Décidément !!
Nous en sommes à 2 partout. Egalité !! La mécanique est rodée, le changement s’opère.
Un peu avant Maillas, nous pénétrons enfin dans cet immense massif forestier des Landes et ses pins maritimes si caractéristiques. Les longues lignes droites bordées de pins. Surchauffées par 36°C, les odeurs de résines qui se dégagent de ces arbres sont agréables. Nous pointons à 18h00 à Retjons, petite localité sans commerces. Nous poursuivons notre chemin et portons notre attention sur les restaurants qui peuvent se présenter. Un peu avant 19h00, c’est à Brocas, localité des Landes (40) de 800 âmes, que nous nous arrêtons au Café de la Place. Un établissement tenu par de jeunes restaurateurs accueillants. Compte tenu de l’heure, ils ne sont pas encore prêts pour le service. Nous patientons un peu et nous nous installons en terrasse, à la douce chaleur du soleil de 19h00. Ce soir c’est restaurant ! Et Rien de mieux qu’un bon Burger et pommes de terre rissolées pour vous requinquer. Un bon repas pour affronter la nuit qui s’annonce.
Nous sommes repus et sur le point de quitter ce restaurant. Le sort s’acharne, Pfouff !!! Ou plûtôt Pchiiiii !!!!! Pneu avant dégonflé. Fin de cette 4eme journée et le fond de ma sacoche de selle est bien plus accessible, pour atteindre ma chambre à air de rechange. La rustine posée sur la chambre à air, au col du Bonhomme (Vosges) a cédée. Une chambre neuve, gonflage et c’est reparti…
Dans l’attente de ma réparation, j’entends Gwénaël demander aux restaurateurs si un camping est ouvert par ici. Réponse : « oui, mais c’est loin ! Au moins à 40 kilomètres. ». La notion de « longueur » est juste une question de point de vue et d’usage. Un diagonaliste, randonneur, amoureux de la longue distance, détient-il une véritable définition de « loin »?
Nous repartons paisiblement. Nous poursuivons notre route. Les températures sont descendues et nous allons pouvoir profiter cette fraîcheur nocturne pour traverser ce massif landais. Tout est calme autour de nous. Pas de bruits sur ces routes de campagne. Dans la nuit, l’ouïe et l’odorat sont bien stimulés et en éveil.
Nous roulons tranquillement. C’est toujours un plaisir de retrouver cette expérience et séance de pédalage nocturne. Nos silencieuses machines nous permettent d’entrer en contact avec la faune locale et les chevreuils sont approchés à moins de 10m. Nous nous en émerveillons.
Afin d’éviter les routes à grand trafic, nous contournons la ville de Mont de Marsan. Après avoir traverser Garein, Igos Saint Saturnin, nous arrivons vers 23 heures à Tartas (km1024). Une nuit particulièrement étoilée s’offre à nous. Un petit coin de verdure, autour du gymnase de Tartas, éloigné des regards, offre un lieu parfait pour établir notre campement improvisé. Matelas pour Gwénaël. Je fais honneur à mon surnom attribué pour notre mariage avec Marine : « BigMath » (détourné de BigMat , fournisseur matériaux!).
Un coin de charpente qui dépasse et la pierre saillante d’un mur, et hop ! Voilà les 2 points d’ancrage pour tendre mon hamac. Math la bricole est toujours actif !
Le plafond de ma chambre est magnifiquement étoilé. Je tente la photo pour garder un souvenir. Inexploitable ! Souvenir conservé dans mon disque dur interne (autrement dit : le cerveau). Une étoile filante pour apaiser à 23h35. à 23h36 je dors…
Décidément ! Toujours pas entendu la berceuse…
Kilomètres parcourus : 270 km Moyenne de route : 22.2 km/h
Dénivelé + : 1560 m ratio : 577m/100km Temps de pédalage : 12h10
Zone FC : 48,4%
Jeudi 29 Août
Réveil à 3h15. Je suis naturellement réveillé avant la sonnerie de mon réveil. Un peu moins de 4h00 de sommeil (soit 2 cycles). C’est court ! Mais, encore une fois, ces petites nuits suffisent pour récupérer. Nous abordons cette dernière journée, un peu fatigués quand même. Il nous reste 120 kilomètres pour atteindre Hendaye. Le plus dur est derrière nous.
Afin de refaire le plein des bidons, nous nous arrêtons dans le cimetière excentré de Saint Vincent de Paul. Nous arrivons aux portes de Dax. Une photo au pied du panneau d’entrée d’agglomération fera office de contrôle. Chacun à notre tour, nous officialisons
notre parcours par ce cliché. Il est 06h30. La circulation est faible à cette heure là dans cette agglomération.
Après Saubusse, nous longeons l’Adour et atteignons Saint Jean de Marsacq pour 8h00, notre arrêt boulangerie. Dernier petit déjeuner. La météo est plus couverte en ce 5eme jour. Nous sommes toujours dans le département des Landes.
Nous reprenons la route après cette escale, pour une poignée de kilomètres seulement. Nous sommes arrêtés par un fervent supporter : Papa. Toujours autant de fierté et de réminiscence dans son regard. Grâce à « locatoweb », une application de suivi géolocalisation en direct, il a compris que nous nous étions arrêtés dans la boulangerie à Saint Jean de Marsacq. Patience avant de nous retrouver.
Après ces retrouvailles, nous repartons. Tel un « directeur sportif », il positionne son véhicule dans la roue des échappés. Puisque nous sommes les seuls échappés, partis de Strasbourg, c’est aussi la voiture balai (!!). Il Transmet ses dernières recommandations à l’oreillette (en fait ! mon téléphone) pour annoncer une dégradation météorologique. Il Nous dépasse et se dirige directement sur la ligne d’arrivée pour nous y accueillir.
9h30 à Bayonne. Km 1100. Nous enjambons et longeons l’Adour. Nous sommes dans le « 6-4 ». L’air marin, et les algues du genre « fucus », si typiques du bord de mer apparaissent en contre bas de la route : l’Océan n’est pas loin !! Encore quelques kilomètres.
Ca y est !!. Nous y sommes !
A Anglet, nous faisons face à l’Atlantique. Soulagement, plénitude, euphorie… Nous sommes postés là. Face à cet océan. Nous profitons de cet instant. Je regarde dans le rétroviseur :
Strasbourg est à la fois si loin, et si proche. Cet océan devant les yeux signifie, aussi, que la fin de notre périple se termine bientôt.
Au loin vers le sud, le ciel s’assombri très sérieusement. Le plafond est bas dans cette région verdoyante. Une région que
nous découvrons tous les deux. Ce ciel nuageux nous rappelle notre Finistère.
Nous poursuivons notre route. A Biarritz, J’ai immédiatement l’image de Jean Dujardin dans le film « Brice de Nice ». Aujourd’hui, ce sont de petites conditions pour surfer. Et pourtant, les « pingouins » (expression affectueuse qui désigne un surfeur dans l’eau!) sont nombreux dans l’eau. Ici : ça transpire le surf ! Ca dort surf ! Ca respire surf ! Ca roule à vélo avec son surf ! Un véritable art de vivre !! Cette ville de caractère a les pieds dans l’eau.
Les premières gouttes se font sentir. Il est temps de « bâcher ». Il nous reste 30 kilomètres à parcourir pour atteindre Hendaye.
C’est un vrai déluge qui s’abat sur nous ! Une pluie abondante aux grosses gouttes. Nous sommes trempés en quelques minutes. Cette pluie battante et ruisselante sur la route limite notre visibilité. Nous alternons descente dangereuse et périlleuse puis montée. Cette corniche est particulièrement vallonnée. La circulation sur la route de la corniche est dense et stressante. Notre
concentration est permanente. Nous roulons tous les 2 à distance pour éviter l’accident. Je me rassure, c’est la fin. Nous n’avons pas connu pareils intempéries depuis notre départ : c’est la douche froide !!
Une chose est sûre, nous aurions préférés finir sous de belles conditions météorologiques. Cette corniche doit être magnifique sous beaux temps. Une nouvelle fois, je relativise…
La pluie a grandement diminué d’intensité lorsque nous arrivons au panneau d’entrée d’Hendaye. J’insiste pour prendre une photo du panneau en guise de contrôle. C’est une façon de marquer cette 3ème diagonale.
Nous nous rendons au Commissariat de Police frontalier à l’Espagne. Les bureaux de Police Nationale sont devenus ceux de la Police Aux Frontières. Ils ne sont pas en mesure de délivrer le tampon qui justifie notre arrivée. Ils ont la gentillesse de nous indiquer que le poste de Police se trouve au centre d’Hendaye, face à l’Hôtel de ville. Et bien ! demi tour !
Engagés dans une petite route qui nous mène au centre ville : j’entends derrière moi ! J’ai crevé !! Et bien Oui !! 3 partout ! Egalité ! Balle au centre ! Nous en sommes à 6. Un RP (Record Personnel) dans le domaine de la crevaison.
A Quelques hectomètres du but ! Ca monte pour atteindre l’Hôtel de Police. Un dernier élan et le dernier coup de rein seront fatal au maillon rapide de ma chaîne. Il cède sous la pression. C’est dans la semoule que je pédale ! A 100 m du but je répare avec un maillon rapide de secours que j’ai pioché dans la trousse accessible placée sous le tube oblique.
Ainsi s’achève cette Diagonale !
Kilomètres parcourus : 118 km Moyenne de route : 19,6 km/h
Dénivelé + : 892 m ratio : 760m/100km Temps de pédalage : 06h00
Zone FC : 42,7 %
Et de 3 !!!
Pour cette année 2024, j’avais à cœur d’atteindre mes 2 objectifs : le marathon de Nantes au mois d’avril et cette Diagonale Strabourg-Hendaye au mois d’Août. Pas si simple de cumuler organisation familiale, vie professionnelle, vie sportive. L’enchaînement des 2 disciplines est éprouvante et demande un réel engagement physique.
J’ai pris ce départ avec beaucoup d’appréhension. Pour ce périple, j’ai parcourus 2450 kms entre Mai et Août. Je n’ai jamais roulé si peu avant de partir sur une longue traversée. En revanche, j’ai cumulé, dans cette même période, 26h00 sur Home-trainer. Le travail sur ce dernier m’a permis de compenser le manque de kilomètres. Aujourd’hui, je comprends mieux le conseil : Faire moins, mais mieux !
J’ai terminé cette diagonale, probablement, grâce à l’expérience : être capable de gérer un long effort. Savoir écouter son corps et ses sensations sont des éléments à prendre sérieusement en considération pour atteindre ces objectifs longues distances. Cependant, je suis toujours surpris quant à la capacité d’adaptation du corps humain face à cet effort prolongé.
Le vélo ! Sport mécanique ! Un soin et une vérification attentive doivent être apportés à sa monture. La moindre négligence peut avoir des conséquences plus ou moins graves sur la réussite. (patins de frein mal vérifiés/réglés !).
J’ai eu chaud aux fesses ! Et Oui ! Côté textile ! Ne jamais partir avec un cuissard neuf. C’est pourtant une recommandation basique. « Négligence » quand tu me tiens !
Côté matériel, j’ai été influencé par les réseaux sociaux et la mode du Bike-packing. Ma sacoche de selle n’est pas adaptée à ma pratique itinérante. J’ai effectivement constaté que des sacoches latérales disposées à l’arrière sur porte-bagages sont bien plus pratiques. Tout est accessible facilement (Merci Gwénaël !). Cela permet de compartimenter vêtements/couchage/alimentation et simplifie nettement les arrêts.
Mon appréhension de partager cette diagonale avec Gwénaël s’est dissipée rapidement. C’est une expérience intéressante. Un souvenir respectivement gravé. Tous les deux expérimentés, nous connaissions la gestion du temps et des arrêts. C’est primordial dans la réussite de ces périples en duo ou petits groupes.
Je suis plutôt adepte des départs matinaux dès la 1ère journée (05h00). Gwénaël avait proposé un départ à 11h00. Une manière de préparer l’organisme en douceur. Bénéfice constaté ! la 2ème journée est abordée assez sereinement.
Spontanément, et sans concertations, nous nous arrêtions aux mêmes lieux pour prendre des photos souvenirs pour nous et nos proches.
Cette diagonale a été marquée par les ennuis mécaniques : 6 crevaisons et une chaîne cassée.
Cependant, ce Strasbourg-Hendaye révèle toute la beauté de notre hexagone dans sa diversité architecturale et paysagère. Un parcours de 9264 de D+ (dénivelé positif) et 1160 kms réalisé à travers : Plaine alsacienne, massif vosgien, vignes de Bourgogne, canaux, reliefs des contre fort du massif central, Millevaches, les calcaires et troglodytes périgourdines, étendues de pinèdes, mer et montagne en pays basque. C’est une belle Diagonale !
Mathieu Le Corre mathieulecorre@yahoo.fr