Une journée à oublier
Attention lecteur, aujourd’hui ça va flinguer, grave.
Toujours le même chemin granuleux, peu roulant. Et pourtant quel potentiel ce canal, mais pas le plus petit bien public sur 20km (banc, panneau). Je demande à un pêcheur si je suis bien en direction de Nantes et pas de Pétaouchnok.

Soudain un ruban de macadam, youpi! Je m’envole. Je passe sur le grand plateau. Mais, patatras, 1km plus loin, le même revêtement pâteux, collant. J’arrive à Blain et veux franchir le passage clouté. Une voiture à droite qui s’arrête, une autre à gauche à 50m, je m’engage; on me klaxonne à gauche. Un vieux papy décati m’engueule en levant les bras au ciel. Je m’arrête et le regarde d’un regard froid et lui dit dans ma Ford intérieure: « va donc, hé, papy mougeot, gilet jaune, zémourrien! ». Ah! Ca fait du bien. D’ailleurs la conductrice de droite le regarde aussi, le regard incompréhensif.
Moi, quand on me cherche, j’correctionne plus, j’ventile, j’disperse.
Une bombance mémorable
Fidèle au proverbe breton « ur sac’h goullo ne chom ket en e sav » (un sac vide ne tient pas debout) je m’arrête à Héric au Côtes et Bouchons. Je m’installe près du feu et, sans ambages, je commande la totale, the whole enchilada. Bruchetta, pièce du boucher et pomme cuite glace caramel.
La coupelle de fromage d’hier soir est loin. Je me jette sur les plats comme la vérole sur le bas clergé; à m’en faire péter la sous ventrière. Mes amis, quel festin.
Convenablement lesté, je reprend mon chemin vers Nantes, ou plutôt vers Nord sur Erdre qui, comme chacun sait depuis hier, est la terminaison véritable du canal. J’apprends en passant que c’est l’ingénieur Boussard qui a dirigé l’érection du canal de jonction entre vallées de l’Erdre et de l’Isac d’où je viens.
Re zo re
Ou pour les non pratiquants « trop c’est trop ».
Note furibarde à CG44: non, je ne vous remercie pas de ne pas avoir indiqué que la voie gauche se termine en cul de sac à l’écluse Pas d’Héric. Je sens que je vais mal digérer.
Après quelques kilomètres j’allais faire amende honorable auprès de CG44, baisser la tête et demander pardon, m’excuser de mon langage acerbe et de mes expressions brut de décoffrage mais là non, les bornes sont franchies, re zo re; jugez en.
Je m’engage sur un chemin asphalté et je me vois à Nantes sous peu quand, tout à coup, y’a pu d’chemin, cul de sac. Non, il faut rebrousser chemin et prendre la grand route avec ses voitures. Je bout mais, obéissant, je suis les flèches. « En ce temps là j’étais crédule / un mot m’était promission / et je prenais les campanules / pour fleurs de la passion » . Non, je ne serai plus crédule car, au bout d’une demi heure je me retrouve au point de départ.
Désormais je ne dirai plus un mot sans la présence de mon avocat. Je pourrais dire des bêtises.
Traversée de Nantes
J’arrive à Nantes dont je ne dirai ni bien ni mal et veux la traverser au plus vite mais elle ne me laisse pas sortir, enfermé que je suis dans un dédale; et je me retrouve sur une île à l’insu de mon plein gré. Un vieux monsieur, un peu dépassé, me tient la jambe pendant 5 mn avant de me dire que le pont Clémenceau que je cherche est à 200m mais que je ne vais pas y arriver à cause des bouchons. Un ouvrier gouailleur me dit, comme une évidence, qu’il faut passer par St Seb. Enfin je trouve un panneau « voie sur Loire », je ne la lâcherai plus jusqu’au camping.